Balcones Baby Blue

46% alc./vol.
Corn Whiskey fait à partir d’une espèce de maïs bleu utilisé autrefois dans les cérémonies Hopi.

André 86%
Pelures de concombre, sucre épicé s’amplifiant à mesure qu’il respire et qui se modifie aussi sur les notes de cassonade et de feeling de coquilles d’œufs. La bouche est simple, épurée, mais aussi d’une belle amplitude. En fait, il livre peu mais bien; le sucre, la vanille et le bois. Il devient par la suite plus frais et désaltérant en bouche sur la finale de Sprite au citron. J’aime la spécificité de chacune des étapes de son évolution lors de la dégustation et le crescendo dans lequel celles-ci se succèdent jusqu’en rétro-olfaction. Goûté à l’aveugle, on ne ressent pas vraiment sa provenance de corn whisky mais en y goûtant une autre fois en sachant ce que recèle le verre, il est possible de soutenir que les influences de maïs sont bien là mais qu’elles ne sont pas facilement perceptibles. Il est aussi étonnant de voir qu’il offre plus qu’un minimum de complexité et ce, même vu son court temps de vieillissement.

RV 87%
Dans le monde des microdistilleries, on peut soit imiter, soit innover. Définitivement le second choix dans ce whiskey. Dès le nez de sirop de maïs, on s’entend à être mené en territoire étrange. Loin de l’épi, c’est davantage les feuilles de plants de maïs, trempées dans leur sirop. Au goût, c’est une poêlée très chaude de grains de maïs, moins sucrée mais très consistante qui nous attend. Et en finale, après un aigre détour, c’est le sirop et le grain qui reviennent, avec un aftertaste encore plus végétal. Une belle surprise, est-ce que la recette fera loi difficile à dire, mais un bel essai sans contredit.

Patrick 91%
Au nez, on détecte du sucre, voir de la cassonade qui rappelle un vieux rhum agricole. Aussi une touche fruitée chaleureuse… Un nez appétissant comme on en voie rarement. En bouche, d’abord le fruit, puis une touche de canne à sucre, noix grillées et toujours une chaleur extraordinaire. Je ne pensais pas pouvoir aimer autant un whisky de maïs! Une excellente raison pour être fan des microdistilleries.

Séduction et Whisky

Votre conjoint(e) est jalouse de la passion que vous portez à votre collection de bouteilles de whiskies? Voici comment passer une soirée inoubliable avec vos deux amours en même temps! Nous allons donc (re)découvrir des whiskies que vous pourrez déguster avec l’être aimé, que vous soyez un gars qui veut partager sa première passion avec sa blonde, ou une fille qui veut s’immiscer entre son chum et ses rivales!!!

En fait, pour aider la néophyte de votre coeur à apprivoiser le whisky, le truc est souvent de bien le présenter et de le de marier avec une sucrerie. Comme premier exemple, nous utiliserons une façon de déguster le whisky que je m’étais toujours refusé: le boire congelé! Commencez par laisser une bouteille de Johnny Walker Gold 18 ans dans le congélateur pendant toute la nuit, puis servez-le dans un verre qui aura passé la nuit avec la bouteille… (tant qu’à être dans la thématique amoureuse) Puis, allez chercher un bon chocolat pas trop fort tel que le Michel Cluizel, 1er cru de plantation, chocolat au lait de 50% de cacao.

Vous avez donc maintenant tout en main pour procéder à l’expérience: Prenez le chocolat en bouche et laissez le fondre tranquillement. Puis, lorsqu’il aura bien enveloppé votre palais et votre gorge, buvez votre whisky en vidant votre verre d’un trait (je n’ai jamais bu mon whisky ainsi non plus!). La sensation devrait être surprenante pour vous et agréable pour votre amie que vous initiez.

Voici quelques notes de dégustation au sujet de ce whisky afin d’épater votre muse par vos talents gustatifs:

Johnnie Walker Gold 18 ans

40% alc./vol.
Nez: Malt et légère crème. Goût: Malt, crémeux, soupçon de raisin, caramel et miel. Finale : Malt frais, crème légère, multidimensionnelle. Glacé: Le chocolat et le whisky se marient très bien, pour nous laisser un goût rafraichissant où se mélangent le caramel, le miel et un soupçon de raisin. Commentaire: Je suis impressionné par le résultat: c’est agréable au goût et ça descend bien! Ce qui est perdu au niveau de la complexité des saveurs à cause de la température du whisky est récupéré grâce au chocolat et à la sensation très rafraichissante!

Continuons donc nos expérimentations, sans perdre de vue que nous faisons évidemment tout cela en pensant uniquement au bonheur de notre amour. Dirigeons nous vers le Speyside, la région d’Écosse qui est au whisky ce que Bordeaux est au vin. Les single malt de cette région sont réputés pour leur élégance : nous y retrouvons souvent des notes florales de bruyère, du miel et parfois une belle nuance tourbée très discrète.

Maintenant que l’élue de votre coeur s’est rendue compte qu’il était possible de ne pas détester le whisky, présentez lui les single malt de la même façon que vous les appréciez, ou presque! Ici encore, commencez par prendre un bon chocolat au lait (toujours 50% de cacao – oui, nous recommandons habituellement des chocolats plus forts en cacao aux amateurs de single malt, mais il ne s’agit pas de notre public cible aujourd’hui!). Laissez-le fondre en bouche. Puis, portez à vos lèvres un verre de Macallan Sherry Oak 12 ans.

La technique habituelle de dégustation des single malts s’applique plus que jamais : regardez, humez puis prenez une toute petite gorgée que vous garderez en bouche le temps que votre salive imbibée de chocolat enveloppe le whisky. Voici quelques notes de dégustation pour vous guider:

Macallan Sherry Oak 12 ans

40% alc./vol.
Nez: Vanille avec une note de gingembre, fruits séchés, sucre du xérès et fumée de bois. Goût: Onctueux, fruits secs et xérès généreux, nuancé d’épices et de notes fumées. Finale: Caramel écossais onctueux et fruits secs, épices et notes fumées qui se mélangent admirablement bien avec le chocolat. Commentaire final : Whisky plein de subtilités, riche et intense, qui saura plaire à l’amateur sérieux autant qu’à la débutante qui le dégustera avec un bon chocolat. Elle aura en fait l’impression de manger un chocolat aux piments, ce qui devrait aider à inspirer un fin de soirée plus… pimentée!

Si vous voulez impressionner votre charmante compagnie par votre culture, vous pourrez lui expliquer que Macallan apporte un soin presque maladif à ses whiskies! En effet, ils vont jusqu’à être propriétaires des forêts en Europe et aux Etats-Unis où poussent les chênes qui servent à fabriquer les barils utilisés pour le xérès ou le bourbon. Ces barils sont ensuite envoyés en Écosse, où ils servent à faire mûrir le Macallan.

Juste avec une telle mesure, Macallan s’identifie comme un fabriquant de premier plan. Mais ce n’est pas tout: Ils utilisent aussi une bonne proportion d’orge « Golden Promise », car selon eux, elle donne de meilleurs résultats au goût et ce, malgré qu’elle soit plus coûteuse à produire. Et ceci est loin d’être suffisant pour eux: Ils utilisent également le plus petit cœur de chauffe au monde soit seulement 16%. C’est-à-dire que 84% du produit de la distillation ne pourra aller directement dans une bouteille portant le nom « Macallan »…

Enfin, une dernière expérience qui saura conquérir le coeur le plus glacé. En fait, ici nous trichons un peu car il ne s’agit pas vraiment d’un whisky, mais plutôt d’une liqueur à base de whisky, avec un taux d’alcool comparable à celui du porto, à 25%. Il s’agit d’une belle surprise de l’une des meilleures distilleries du Speyside qui a délicieusement balancé son single malt avec du sirop d’érable et des noix de pacanes: le Macallan Amber.

Macallan Amber single malt scotch whisky liqueur

25% alc./vol.
Nez: Pacanes rôties et érable. Goût: Erable, pacanes. Caramel, un peu d’épices. Sucre. Le malt ne fait que supporter admirablement le tout. Finale: Longue et douce, sucrée… D’abord l’érable, ensuite les pacanes. Commentaire : Une excellente façon de terminer votre souper en tête à tête pour passer à autre chose!

Ces trois expériences vous permettront, je l’espère, de passer une agréable soirée en réunissant autour de vous vos principales passions. Évidemment, il est tout à fait recommandé d’ajouter à ces suggestions des chandelles, de la musique délicate, un bon feu de foyer et quelques pétales de roses!

Bonne soirée!

Glen Breton 10 ans

43% alc./vol.
Située dans la province de Nouvelle Écosse, Glenora élabore depuis juin 1990 le seul single malt canadien: Glen Breton ! Ses deux alambics proviennent de la célèbre distillerie Bowmore. A bien des égards, son whisky évoque celui de ses cousins écossais comme en témoigne cette version vieillie en fût de bourbon. Le seul Single Malt produit au Canada, à l’aide d’alambics traditionnel.

André 81%
Plus sucré que ce que je m’en souvenait. Vanille, purée de pomme vertes. Belle fraicheur automnale, simple et léger. Le bois neuf sec s’exalte avec vigueur. La vanille se mute à force de respirer en sirop d’érable. La bouche est franche et sèche, présentant des traces de sucre chauffé et de menthe douce. La finale est plus fruitée et mielleuse, jumelé à la même menthe douce de la bouche.

RV 83%
Bien copié des single malt d’Écosse, mais un peu trop conservateur pour une distillerie aussi audacieuse. Beaucoup mieux balancé qu’à ma souvenance, au nez on est dans le champs, avec le miel, les cerises et les sauterelles (pas l’insecte directement, la mémoire olfactive de la chasse à nos appâts de prédilection pour la pêche à l’Achigan). Peut-être même un peu d’eau de rose, qui se transforme en cannelle en bouche, accompagné de chêne, de nougat et de pomme. La finale est malheureusement un peu trop courte malgré une petite pointe de menthe.

Patrick 87%
Fraises, raisins secs, oranges. Fruits et sucre. Un peu d’épices.

Juger les meilleurs whiskies canadiens: l’expérience

Le 19 janvier prochain aura lieu les Canadian Whisky Awards 2011 dans le cadre du Festival de Whisky de Victoria, en Colombie-Britannique. Lors de cet événement, les prix et les médailles seront attribuées pour les meilleurs whiskys canadiens. Pour déterminer les gagnants, des juges ont été sélectionnés parmi des auteurs, des bloggeurs et des experts dans le monde du whisky. Ils font équipe avec Davin DeKergommeaux. Davin est un auteur qui publie le www.canadianwhisky.org, contribue entre autre au Whisky Magazine, a participé au plus récent World Whisky Atlas de Dave Broom et a écrit son propre livre à paraître ce printemps. Il est un des trois Malt Maniacs Canadiens.

M. DeKergommeaux a demandé à André Girard, l’un des fondateurs du Club de Scotch Whisky de Québec, de faire partie du panel de juges pour sélectionner les meilleurs whiskies canadiens. Juger des scotchs au delà d’une note de dégustation n’est pas monnaie courante pour les amateurs de scotch. En fait, qu’est-ce que cela implique au juste d’être juge ? Quel est le processus ? André a bien voulu partager avec les membres du Club et les internautes, son expérience.

Le panel

André fait partie d’un panel de 6 juges provenant d’un océan à l’autre: de la Colombie Britannique, Lawrence Graham de whiskyintelligence.com, de l’Alberta: Chip Dykstra de therumhowlerblog.wordpress.com. Le juge de l’Ontario est Kris Shoemaker dailydramaddicts.blogspot.com. De l’Atlantique: Jason Debley jason-scotchreviews.blogspot.com. Également faisant partie du panel et représentant les États-Unis, le journaliste Mark Gillespie de whiskycast.com.

La tâche

Les juges ont reçu 32 petites bouteilles avec des échantillons des whiskies. Chaque échantillon est numéroté donc, il s’agit bien d’une dégustation à l’aveugle. Chaque juge devaient établir une note globale pour chaque échantillon avec l’option d’écrire une note de dégustation détaillée.

Il a été suggéré aux juges de déguster quatre à six whiskies à la fois et d’établir un pointage rapide, spontané, de les enregistrer et d’y revenir plus tard en goutant les ceux qui avaient reçu une note similaire lors du premier tour. L’exercice est assez objectif.

Une première

André en était à sa première expérience : « Recevoir la boite d’échantillons à la fin novembre, c’était comme Noël avant le temps! Je vivais aussi un peu de stress aussi parce que le train était maintenant bien en marche et j’étais à bord. »

André explique également que les délais ajoutaient aussi un peu de pression. Avec les vies occupées que nous avons, il est important de se faire un échéancier et surtout… « Prier pour ne pas avoir la grippe, car 10 jours sans être en mesure de gouter, ça fout en l’air ton échéancier. »

32 petites bouteilles, de couleur, d’odeur et de goût différent apportent son lot de difficultés. Il faut se trouver une méthode, une stratégie. André a donc gouté au lot de bouteilles une première fois en prenant des notes de dégustation sommaires et en attribuant une note dans une tranche de 10 points. Il a par la suite gouté une seconde fois aux whiskies s’étant vu attribué des notes semblables et selon les goûts similaires. Ce n’est pas l’idéal de boire un whisky épicé avant un autre whisky très doux et floral. Pour éviter de briser le rythme, il a séparé les échantillons par catégories similaires et il a goûté à nouveau aux whiskies du meilleur à celui qu’il a aimé le moins. Méticuleux, André a refait le même exercice une 3ième fois avec les meilleurs de chacune des catégories puis les meilleurs deuxièmes et ainsi de suite. Ceci demandait à André de boire combien de whisky par soir ? « J’étais habitué à une routine d’un whisky (en général) par soir mais là, je devais boire un minimum de quatre whiskies par soir pendant plus d’un mois. Je suis donc bien préparé pour les fêtes ! »

Les nommés

Étant donné le processus anonyme, André ne peut pas à ce moment nous parler de la qualité des produits goûtés et ceci, même s’il a su par la suite le nom lié à chacun des échantillons. Selon lui, il y a eu quand même de belles surprises et il a eu le privilège de goûter à des nouveautés qu’il ne connaissait pas. L’exercice lui a permis de revoir certaines évaluations effectuées au courant de la dernière année. Intéressant d’observer une constance, une stabilité dans les notes. Les échantillons goutés représentent bien le marché des whiskies canadiens en 2011.

Le bilan André ? « Je suis heureux d’avoir eu cette expérience, car elle m’a apporté beaucoup sur la façon d’aborder la dégustation des whiskies. Évidemment, j’aimerais bien refaire l’expérience l’an prochain ou dans un autre concours ! »

On remercie au passage Johanne McInnis, Whisky Lassie en personne, pour avoir posé avec les garçons et pour nous avoir laissé utiliser son cliché…

Que le meilleur gagne!

Jack Daniel’s Single Barrel #8-1235

47% alc./vol.
Fût #8-1235, distillé 21 avril 2008.

André 86%
Plus sophistiqué que ses jeunes frères.. Épices au premier plan, appuyé d’une légère morsure d’alcool et bien sûr… fruité. Vraiment plus singulier que le Jack régulier. Correct et vraiment agréable mais j’me pitches pas dans les murs.

RV 88.5%
Le whisky qui ferait que je comprendrais ceux qui ne jurent que par Jack Daniels. Toujours la fumée mais beaucoup plus près du bois: boisé, très boisé, mais pas trop boisé. En bouche on transmute vers le charbon, très typé, puis la fumée et des épices et enfin, de la gomme à la cannelle. La finale est un peu plus standard mais avec du caramel qui ressort bien et l’aftertaste où la touche caramélisée se poursuit est appétissante. Le whisky à servir pour attirer les amateurs de scotch du côté Tennessee de la force.

Patrick 88%
Épais très huileux et fumé. Wow, très intense comme arrivée en bouche, les épices et les notes brûlées sont déchaînées ! Le tout est toutefois légèrement tempéré par une touche de vanille vers la finale qui s’étire quand même dans les épices. Le tout est bien équilibré, un Jack Daniel’s « concentré » pour les vrais amateurs du genre !

Dufftown, la Mecque du whisky

Après avoir été coincé à la distillerie Glenfiddich par une tempête de neige, j’ai dégusté un Glenfiddich 1959 valant plus de 3000$… le verre!
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J’ai eu la chance de visiter Dufftown, la « Mecque » du whisky, l’hiver dernier. Pourquoi la Mecque? Avec près de 10 distilleries de scotch, dont la fameuse Glenfiddich, ce village de moins de 1500 âmes produit environ 10% du whisky écossais! Voici donc le récit de cette visite plutôt exceptionnelle…

Je suis parti le 5 janvier au matin, en même temps que la Lune et les étoiles bref, vers 9h00 (l’ensoleillement ne dure que 7 heures ici, l’hiver) pour m’engager encore sur une charmante petite route pas assez large et déneigée de façon plutôt artistique : disons qu’il y a eu quelques « close miss » sur la route… En fait, pour croiser une auto, j’ai du aider la femme qui me croisait à pelleter l’accotement pour qu’elle puisse y garer son auto afin de me laisser le passage (elle était fière d’avoir 2 pneus d’hiver, contrairement à moi!). A une occasion, j’ai même perdu plus de trente minutes à cause d’un camion citerne qui était en diagonale sur la route (disons que j’étais plutôt heureux qu’il reste coincé là, alors qu’il commençait à glisser dangereusement dans ma direction!). Bref, j’ai pris près de 3 heures pour parcourir quelques 60 kilomètres… Toujours est-il qu’il est passionnant de rouler sur une route et de voir ces distilleries dont nous ne voyons que trop rarement les bouteilles au Québec, tel que Tormore, Aberlour, et autres…

Arrivé à la distillerie Glenfiddich à Dufftown, j’ai heureusement eu droit à un accueil des plus chaleureux de Ian Millar, Master Distiller et Global Ambassador avec qui j’ai effectué la visite des distilleries. La première, Glenfiddich, est celle qui produit le whisky single malt le plus vendu au monde, le Glenfiddich vieilli 12 ans. Elle produit aussi le Glenfiddich 15 ans Solera Reserve, qui figure également dans le top 5 mondial. Pas besoin de vous dire qu’elle est d’une taille impressionnante. Plus de 150 employés y travaillent et ils font vieillir près d’un million de futs de whiskys (à titre de comparaison, pour ceux qui m’ont accompagnés à Valleyfield, il y avait 450,000 futs) produits à l’aide plus de 25 alambics (à titre de comparaison encore, Glenora, en Nouvelle-Écosse, ne possède que 2 alambics qui ne fonctionnent que quelques mois par année).

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La seconde, Balvenie, aussi propriété de William Grant & Sons, est située à moins de 2 minutes à pied. En fait, vu de la route, les 3 distilleries visitées donnent l’impression d’en être qu’une seule. Ici, j’ai été particulièrement impressionné par les planchers de maltage, c’est à dire la gigantesque salle où l’orge est transformée en malt: après avoir fait baigner l’orge dans l’eau, celle-ci est étendue sur le plancher pour permettre à la germination de s’activer et ainsi libérer les sucres nécessaires à la création d’alcool. Et pour les amateurs zélés, oui, Balvenie est un whisky tourbé: j’en ai eu la preuve en voyant le four qui fait sécher le malt (il faut faire sécher le malt pour éviter de se retrouver avec un champ d’orge au lieu du plancher de maltage). En effet, le four est chauffé à l’aide de 99% de charbon et 1% de tourbe pour donner une concentration de tourbe d’environ 0.001 parties par million.

Enfin, la grande mystérieuse, Kininvie. Cette distillerie est la plus récente du groupe (construction en 1990 vs ~1887 pour les autres) et est utilisée exclusivement pour les blends tels que le Grant ou le Monkey Shoulder. Son single malt est impossible à retrouver sur le marché: tout ce qu’il fallait pour exciter ma curiosité au sujet de cette distillerie! En fait, celle-ci partage presque toutes ses installations avec Balvenie (mash tun, wash tun, etc. sont dans le même bâtiment), à l’exception des alambics qui sont dans un bâtiment différent, à quelques mètres de distance. Malheureusement, rien de bien spectaculaire…
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Par contre, la visite des entrepôts fut très spectaculaire. Nous avons commencé par l’entrepôt numéro 1, celui destiné aux touristes. J’ai pu y trouver les 3 types de futs habituellement utilisés pour faire vieillir le Glenfiddich, soit le fut ayant préalablement servi à faire vieillir le sherry, celui ayant servi au bourbon et le fût neuf. J’ai senti le whisky de chacun des fûts, et mon préféré fut définitivement l’ex-fut de bourbon: sucré, mais pas autant que le sherry, juste assez pour permettre à la complexité du whisky de s’exprimer.

Le meilleur était toutefois à venir… Après avoir traversé quelques bancs de neiges, Ian m’a invité à visiter l’entrepôt (fermé aux touristes!) où est la fameuse cuve Solera: il s’agit d’une cuve où les whiskys provenant des futs susmentionnés, après 15 ans de vieillissement, sont versés pour y être mélangés. Ce qui est particulièrement intéressant est que cette cuve est toujours gardée à moitié pleine pour assurer que votre Glenfiddich 15 ans que vous achetez à la SAQ goûte toujours la même chose. A mon grand plaisir, Ian m’a permis de goûter au whisky directement à partir de la cuve : j’ai donc eu la joie de goûter à l’un de mes whisky préféré à son état naturel, soit à plus de 60% d’alc/vol, directement dans un bécher de 2 litres… Wow!
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La dégustation n’était toutefois pas terminée: Ian a aimablement bien voulu répondre à mes questions au sujet du vieillissement du whisky en m’offrant de goûter (toujours directement tiré du fut!) au Balvenie 1968, Glenfiddich 1976, 1973 et 1959 (52% d’alc/vol). Oui, 1959, plus de 50 ans d’âge! A titre d’indication, le 21 décembre 2008, une bouteille de Glenfiddich 50 ans s’est vendue aux enchères pour $38,000US. Faites une rapide règle de 3 pour calculer combien notre verre de 2 onces valait… Oui, 3000$… Et oui, il était excellent!! Mais comment décrire une telle expérience? Une richesse d’épices et de sucres incomparable,tions!!! le tout marié ensemble par un boisé plus puissant que je n’en ai jamais vu dans un whisky. Ma note: 93%… Mais 100% au niveau des émotions! A titre indicatif le 1976 s’est mérité un 94%, mais n’a pas généré autant d’émotion.

Un peu pompette, j’ai terminé la journée par une petite marche jusqu’au charmant village de Dufftown et je suis ensuite rentré à la maison pour me réchauffer auprès d’un feu de tourbe et d’une sélection d’excellents produits de William Grant, tels que les Balvenie 12, Glenfiddich 15 Solera (mais réduit à 40%), l’intrigante Glenfiddich Malt Whisky Liqueur et l’Hendrick’s Gin, idéal pour les gin tonic.

Le lendemain, la question était « quoi faire lorsque la moitié des routes sont fermées et que vous êtes coincés dans le milieu du Speyside? » Marcher et visiter une demi-douzaine de distilleries parsi!
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Alors que je finissais mon déjeuner, Ian est venu me rencontrer pour me proposer le St Graal des whiskys (en terme de rareté, du moins): un dram « cask strength » de Kininvie, 17 ans, vieilli dans d’ex-fûts de porto. Quelques mots sur ce whisky? Il sent très intensément la planche de chêne brûlée et le gâteau aux fruits. Le fruité est très puissant, marqué par des fraises de l’Ile d’Orléans et une touche de farine. Très riche. En bouche, le porto plus intense que tout ce que j’aie pu goûter à ce jour dans un whisky. Extraordinairement puissant. Avec la force de frappe marketing de William Grant & Sons, il est étonnant que ce whisky ne soit pas embouteillé en tant que single malt. Un des meilleurs Speyside que j’aie goûté à ce jour!

Ensuite, les routes n’étant pas praticables, j’en ai profité pour faire le tour de la ville. A quelques minutes à pied de Glenfiddich est le château Balvenie. Un superbe château médiéval assez bien conservé qui m’a fait réaliser à quel point la vie devait être difficile à cette époque (surtout en kilt, avec de la neige à mi-cuisse comme avant-hier!). A souligner aussi, le coup de vue imprenable de cette colline sur 5 distilleries à la fois! (Glenfidich, Balvenie, Kininvie, Glendullan et Parkmore).

Considérant que l’ensemble du Canada ne compte qu’une seule distillerie de whisky single malt, il est assez épatant de pouvoir en visiter 7 en moins d’une heure de marche, de mon point de départ à l’arrivée!
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Évidemment, ce petit tour m’a pris un peu plus qu’une heure… Premièrement à cause que j’ai sorti un véhicule de la distillerie Glendullan du banc de neige… J’ai donc donné à ces charmants messieurs un petit cours sur « comment pousser un camion pris sur la glace » et surtout qu’il ne sert à rien de pousser avant de pelleter le mètre de neige qui est devant le véhicule!

De retour au village, j’ai fait un petit arrêt au plus écossais des pubs, le Royal Oak. Un arrêt obligatoire après la visite des distilleries! La propriétaire, la charmante Pearl, m’A offer l’un de ses 140 single malts ainsi qu’un délicieux « toastie », un genre de croque-monsieur à l’anglaise! Le tout vous fera oublier que la seule source de chauffage est un tout petit foyer qui ne dégage pas assez de chaleur pour vous permettre d’enlever votre manteau, même si vous êtes assis directement à coté, mais qui permet à la bière en fut non réfrigérée d’être à la température parfaite!

J’ai terminé la journée en prenant une couple de drams avec mon hôte (pour les curieux, Balvenie 30 ans et Glenfiddich 30 ans!). Encore merci à Ian de Glenfiddich pour m’avoir offert le refuge lors de cette tempête de neige! Surtout que, la journée de mon départ, le 7 janvier, les toits de 4 entrepôts de la distillerie s’effondraient sous le poids de la neige. Il fut alors décidé de créer un whisky spécial à partir des fûts rescapés des ces entrepôts : le Glenfiddich Snow Phoenix. À ma surprise, au nez, il semble y avoir une touche de fumée, avec un caramel et un fruit mur plutôt agréable. En bouche, une approche épicée-sucrée très agréable, qui évolue vers le raisin caramélisé et qui disparaît en prenant tout son temps. Un très bon scotch!

Un merci tout spécial à Mme Tania Giroux, représentante au Québec pour William Grant et évidemment M.Ian Millar!

Le Kentucky, pays des courses de chevaux, du poulet frit et du Bourbon

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Je suis arrivé à Louisville au Kentucky après un vol de nuit dans 3 avions différents; ce qui dissipa mes derniers doutes quant au fait qu’il ne s’agissait pas d’une destination touristique usuelle au mois de septembre…

J’étais donc un peu fatigué, mais l’excitation de visiter toutes ces distilleries de Bourbon me donnait pas mal d’énergie, comme vous pouvez surement l’imaginer!

Bon, parlant de Bourbon, quelques précisions s’imposent. Premièrement, le Bourbon est un whiskey, tout comme le scotch (mais avec un « e » dans le mot). Il provient généralement (mais pas exclusivement) du Kentucky.
La petite histoire du nom « bourbon » est d’ailleurs passablement alambiquée, si vous me permettez l’expression : En effet, les premières distilleries de whiskies étaient situées dans le canton (county) du nom de Bourbon (nommé ainsi en hommage au soutien de la France lors de la guerre d’indépendance). Leur whiskey était extrêmement populaire à la Nouvelle-Orléans grâce à leur goût si raffiné. En effet, pour être exporté vers le reste du monde, le whisky voyageait le long de la rivière Mississipi durant plusieurs mois. Et pour faciliter le transport, il était « emballé » dans des fûts neufs de chêne américain, marqués « Bourbon County ». Le vieillissement faisait donc son œuvre (le whisky but à cette époque n’était habituellement pas vieilli). Aussi, de tous les whiskies provenant à la Nouvelle Orléans, les whiskeys du conté de Bourbon étaient les seuls dont l’eau était filtrée par des pierres calcaires, ce qui faisait disparaître le goût de métal des autres whiskeys. Les consommateurs de la Nouvelle-Orléans, impressionnés par ce goût, finirent par réclamer plus de cet excellent « Bourbon’s sippin’whiskey ». Et le nom est ainsi passé à l’histoire…

De plus, le Bourbon doit toujours contenir un minimum de 51% de maïs. Il peut donc aussi contenir de l’orge, du seigle, du blé ou d’autres céréales. Aussi, il doit toujours être vieilli dans des futs de chêne neufs, brûlés, et ce au grand plaisir des écossais! (qui les récupèrent pour faire vieillir leur scotch!).

Ces whiskeys sont vieillis pour un minimum de 2 ans (contrairement à 3 ans en Écosse) et rarement plus de 12 ans. Il ne faut toutefois pas se baser sur cette donnée pour statuer que le scotch est de meilleure qualité que le Bourbon. En effet le Bourbon vieillit beaucoup plus rapidement que le scotch pour 2 principales raisons. Premièrement, à cause des températures beaucoup plus extrêmes au Kentucky qu’en Écosse. Deuxièmement, car les fûts neufs utilisés accélèrent échanges avec le bois.

Les Distilleries

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Je me suis donc dirigé vers la distillerie de Woodford, localisée dans la lointaine banlieue de Frankfort, la capitale de l’état. Moi qui m’attendais à une autre ville américaine sans personnalité, j’ai été bien surpris! Quelle ville superbe! Il y a énormément de vieux bâtiments, l’architecture est très belle et le site est enchanteur.

Pour atteindre la distillerie, il faut un sens de l’orientation exemplaire. En effet, la seule voie reliant la distillerie au reste du monde est une petite route d’une seule voie de large (qui ne « rencontre » pas) dont de grands bouts commencent à s’affaisser dans la rivière qu’elle longe. Un peu inquiétant, pour le moins! Les gens du Kentucky paient moins de taxes que nous, et ça parait sur les routes!

Ensuite, j’ai fini par croiser les ruines d’une superbe distillerie qui a dû être fermée il y a plus de 40 ans vu l’état de décrépitude avancée du bâtiment qui était certainement majestueux à l’époque avec sa forme de château médiéval. Charmant, mais pas rassurant!

Woodford Reserve Distillery

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J’ai quand même fini par arriver à la distillerie, qui est situé sur un site véritablement enchanteur! Le pavillon d’accueil offre une excellente présentation sur le mode de fabrication de ce whisky, et ce whiskey a la particularité d’être le seul Bourbon à utiliser exclusivement des pots still (3, comme en Irlande).


Le bourbon Woodford Reserve

Quelques données au sujet de ce Bourbon

  • Contient 72 % de maïs non sucré, 18% de seigle et 10% d’orge
  • Au moins 6-7 ans d’âge
  • 45% d’alcool

Mes notes de dégustation :
Nez: Raisins brûlés, cassonade, épices, seigle. Chêne. Goût: Plutôt sec. Épices. Un peu d’amertume venant du bois fumé en finale. Vanille. Notes d’agrumes. Finale : Délicieuse. Épices et légère amertume. Commentaire global: Excellent whisky, un peu moins sucré que la plupart des bourbons, ce qui fait mon bonheur personnellement.


Four Roses Distillery

Enfin, après un tout petit verre de dégustation à Woodford, j’ai repris la route en direction de l’énigmatique distillerie Four Roses. En effet, cette distillerie exporte 99% de sa production en Europe et en Asie, ne gardant qu’un maigre 1% pour le marché local (cette situation est présentement en train de changer… Surveillez bien quebecwhisky.com d’ici 12 mois à ce sujet!).

Les bâtiments abritant la distillerie sont extraordinaires. Ils ressemblent à de vieilles maisons mexicaines, peintes en jaune et couvertes de roses. On est loin des bâtiments industriels en tôle ondulée que je m’attendais à découvrir.

J’y ai eu droit à une visite privée très particulière : 3 guides s’occupant exclusivement de moi, dont Al Young, le Brand Amabassador.

Lors de cette tournée, j’ai eu la chance unique de pouvoir goûter au whiskey à différentes étapes de sa fabrication, soit à la sortie de l’alambic à colonne (impressionnant avec ses 5 étages de haut!) et du pot still!! (la plupart des Bourbons subissent habituellement une double distillation : la 1ère dans un alambic à colonne, et la seconde dans un pot still de type écossais).

La chaleur dans le bâtiment où a lieu la distillation est tout simplement infernale. Pour vous donner une idée, j’ai ensuite trouvé le 35C à l’extérieur très rafraichissant comparativement au four qu’est la distillerie!


Four Roses Single Barrel

Quelques données au sujet de ce whisky :

  • 6 ans de vieillissement minimum, jusqu’au double pour les meilleurs (comme le single barrel)
  • Les entrepôts servant au vieillissement n’ont qu’un seul étage, contrairement à la plupart des distilleries où ils mesurent 7 à 8 étages de haut. Ceci permet donc d’uniformiser le goût d’un baril à l’autre car dans un bâtiment plus haut, la température n’est pas la même selon les étages
  • Ce whisky est composé en général de maïs à 60%, seigle à 35% et le malt compose le 5% restant
  • 50% d’alcool

Mes notes de dégustation :
Nez: riche, épices de gâteau aux fruits, vanille. Goût: sucre de fruits (mûres), chene, vanille. Finale: fruité, légère épice, vanille. Commentaire : Côté 92 dans la Bible du Whisky, non sans raison. Ce Bourbon est de la première qualité!


En soirée, le centre-ville de Louisville a tout ce qu’on attend d’une ville américaine typique construite en fonction des banlieusard pressés de rentrer à la maison: il est complètement désert. Complètement? À une spectaculaire exception près: la 4th Street. En effet, la rue est transformée en gigantesque bar (vous devez même prouver que vous avez plus de 21 ans pour y circuler), la musique est à tue-tête à l’extérieur, la rue est éclairée par des centaines de néons et de spots, et le tout est recouvert d’une toiture géante fixée au 7ème étage (on est loin de l’ancien Mail St-Roch à Québec!).

En fait, on y retrouve 7-8 bars de musique (surtout des chaînes internationales, telles que le Hard Rock Café), des restos branchés et des kiosques de boissons énergies dans le milieu de la chaussée, piétonne, bien entendu! Le tout est sur 2 étages, accessibles par de nombreux escalators extérieurs qui donnent sur la rue.

Ainsi, après quelques délicieux bourbons et une bonne nuit de sommeil (malgré tout), je me suis dirigé vers ma 1ère distillerie de cette journée, Heaven Hill.

Heaven Hill Distillery

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En arrivant sur le site de la distillerie, l’architecture industrielle des bâtiments est frappante. Ce style est principalement dû au fait que le feu, en 1996, a détruit la distillerie ainsi que 2 des entrepôts. Il faut dire que lorsqu’un incendie se déclare dans une distillerie, la seule chose à faire est d’espérer que les voisins n’y passeront pas aussi!!! Le nouveau bâtiment principal est malheureseument hors limite aux visiteurs, mais on ne peut pas dire que ces derniers sont portés à s’y diriger!

La visite était passablement plus courte que les précédentes, compte tenu que nous n’avons visité que les entrepôts (où l’odeur qui y règne, due à la « part des anges » (l’évaporation du whisky) est vraiment délicieuse et enivrante).

Parlant de part des anges, nous avons vu un baril de 1971. Sur les 53 gallons qu’il contenait à l’origine, il n’en reste plus qu’un seul! En fait, à titre de comparaison, un fût de bourbon de 12 ans d’âge de Bourbon aura généralement perdu 47 % de son volume. Ca rends les prix des vieux whiskies beaucoup plus acceptables!!!

Au cours de mes différentes visites de distilleries, j’ai souvent eu la chance de participer à différentes étapes de la fabrication d’un whiskey. Pour la première fois, j’ai pu occuper le poste habituellement réservé aux anges!!! En effet, nous avons pu sentir directement dans un fût en cours de vieillissement. Les odeurs en émanant étaient fantastiques : Très sucrées avec un fort caramel et du maïs. Une expérience paradisiaque, il va sans dire!

Les entrepôts sur le site de la distillerie mesurent plus de 8 étages de haut. Ces bâtiments sont tellement gigantesques que des employés ont récemment retrouvés un baril de 23 ans d’âge qui y avait été perdu durant de nombreuses années. Belle surprise!

En été, les fenêtres des entrepôts sont gardées ouvertes au rez-de-chaussée et au dernier étage afin de permettre au whisky de prendre de l’expansion en se réchauffant dans les fûts et ainsi de pénétrer le bois. En hiver, à l’inverse, le froid fait que ce processus s’inverse, ce qui contribue à accélérer de façon notable le processus de vieillissement de ce whiskey. A noter, à cause des grands écarts de température que connaît le Kentucky, le vieillissement s’y accomplit environ 50% plus rapidement qu’en Écosse. En effet, les températures y varient entre -15C et +40C, soit un écart de presque 60C, alors qu’en Écosse la température variera plutôt entre 0C et 30C, soit la moitié de l’écarts de température constaté au Kentucky.

Bref, la visite est très sommaire, mais le centre d’interprétation est très instructif. Nous y apprenons énormément sur l’histoire du whisky, comme le fait que les colons qui choisissaient de s’établir au Kentucky se faisaient offrir 400 acres de terre. Pour les nombreux Irlandais et Écossais parmi les immigrants de l’époque, c’était un cadeau inespéré. Et évidemment, on peut deviner qu’ils ont apportés avec eux quelques souvenirs des vieux pays, comme la joie de la distillation des produits céréaliers.

Nous y avons aussi appris que la technique d’utilisation de fûts carbonisés a été découverte par accident à la distillerie Heaven Hill, qui est considéré comme le père spirituel du Bourbon. En effet, des barils avaient été brûlés par accident. Le propriétaire de l’époque, Elijah Craig, qui ne voulait pas perdre cet investissement, les a quand même utilisés. A sa grande surprise, ses clients se sont mis à réclamer de cet excellent whiskey, dont le goût avait été adouci par le bois carbonisé des barriques.

Enfin, pour se faire pardonner semble-t-il (!), notre guide nous a offert une dégustation où nous avons comparés des bourbons âgés de 10 et 18 ans d’âge, ce qui est fort respectable pour un Bourbon!


Elijah Craig Single Barrel 18 years old

Quelques données au sujet de ce Bourbon

  • Contient 70 à 78 % de maïs
  • Au moins 18 ans d’âge
  • Ce Single Barrel provient d’un baril qui a été entreposé au dernier étage de l’entrepôt, mis en fût le 28 septembre 1989, fût no. 2340.
  • 45% d’alcool

Mes notes de dégustation :
Nez:. Superbe, ample, fin. Épicé (cannelle), fruité (pomme), floral et vanillé. Goût: Ronde, notes de miel et de chocolat. Épices douces. Chêne brûlé. Finale : Douce amère, boisée, marquée par la réglisse et la vanille. Boisée et sucrée (maïs?) Commentaire global: Vieillissement exemplaire! Si vous pensez que les bourbons sont inférieurs aux scotchs, c’est que vous n’avez pas essayé ce whiskey! Ce whiskey à lui seul vaut presque le voyage!


Maker’s Mark Distillery

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Je crois que nous pourrions ajouter une condition pour rendre un whiskey éligible à être nommé « Bourbon »: Il faut que la distillerie soit au milieu de nulle part. Des points bonus seraient accordés si aucune route ne s’y rends! Tout ca pour dire que lorsque je suis arrivé à Maker’s Mark, on m’a dit que la visite y était très appréciée, car on reconnaissait que ca prenait beaucoup de volonté pour s’y rendre!

En fait, l’une des principale raison pour que la quasi-totalité des distilleries américaines de whiskey soient concentrées au Kentucky et au Tennessee est dû à la qualité de l’eau de source qu’on y retrouve: elle y est abondante et surtout calcaire grâce à la pierre sur laquelle ces 2 États se sont construits.

Ici encore, j’ai eu la chance de goûter le whiskey dans ses premières étapes de fabrication. J’ai pu goûter le « mash » (en gros, la « bière du distillateur » que l’on va distiller pour avoir du whiskey) à chacune de ses 3 journées d’évolution. Et il s’agit réellement d’une évolution:

Jour 1, c’est un liquide froid très léger qui goûte très légèrement les céréales;
Jour 2, le liquide est toujours relativement froid, mais il est maintenant très sucré;
Jour 3, le mash est rendu tiède (et ceci sans aucun chauffage; la chaleur ressentie provient exclusivement des réactions chimiques) et goûte « sûre ». D’où l’expression « sour mash » que l’on retrouve sur de nombreuses bouteilles. A noter que ce goût acidulé et aigre différencie les Bourbons des Scotchs écossais dont le mash est plutôt sucré au goût.

Nous avons ensuite visité la salle des alambics. Il est difficile d’imaginer la chaleur torride et l’humidité qui règne dans cette salle. Compte tenu que ma saison préférée est l’hiver, je ne m’y suis pas éternisé plus longtemps qu’il fallait!

A Maker’s Mark, tout comme dans la plupart des distilleries de Bourbon, la majeure partie des opérations sont effectuées à la main. Et pour remercier mes hôtes pour leur hospitalité, je ne me suis pas fait prier pour mettre la main à la pâte!

Enfin, les fûts de Maker’s Mark sont entreposés jusqu’à sept ans. A noter qu’après trois ans dans les étages supérieurs de l’entrepôt, les fûts sont déplacés à tous les 2 ans et 9 mois à différents endroits de l’entrepôt, le tout à la main! Quand on pense que le poids moyen d’un fût est d’au moins 500 livres, les employés ne doivent pas être chétifs!


le bourbon Maker’s Mark

Quelques données au sujet de ce Bourbon

  • Contient 70 % de maïs, 14% d’orge malté et 16% de blé rouge d’hiver. Le blé rouge d’hiver est ce qui le rend unique.
  • Au moins 6-7 ans d’âge
  • 45% d’alcool

Mes notes de dégustation :
Nez: Cassonade, vanille, fruits exotiques et miel. Malt, noix, huileux (extrêmement frais et fruité). Goût: Beurre, sucre, vanille, caramel anglais, réglisse, un peu d’épices. Fruité, goût marqué de blé. Finale : Goût sec, avec du caramel anglais, et du chêne. Commentaire global: Idéal pour une promenade, une chaude nuit d’été, sur Bourbon Street à la Nouvelle Orléans!!!


En conclusion

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Petite anecdote intéressante, ma guide chez Maker’s Mark avait déjà visité le Québec il y a quelques années… Et elle m’a dit qu’elle était impressionnée par la grande qualité de nos routes! Il faut comprendre que le Kentucky est un fief Républicain depuis plusieurs générations et que leur façon de gagner les élections est simple: ils promettent de geler les taxes! Ainsi, l’État ayant pratiquement vu ses revenus gelés depuis des décennies, il ne faut pas s’étonner que certaines routes soient littéralement en train de partir à la dérive.

Donc, en résumé, le Kentucky avait beaucoup plus à offrir que je m’y attendais Les paysages un peu monotones sont contrebalancés par une superbe architecture, une histoire relativement riche et une culture épanouie, du moins dans les grands centres. Il ne faut pas oublier la spectaculaire fracture entre les gens des villes modernes et ceux des campagnes, où le temps semble s’être arrêté. Mais partout et surtout, les gens y sont très sympathiques et chaleureux.

Plymouth Gin

41.2% alc./vol.
Plymouth Gin, UK.

Patrick 89%
Ca faisait longtemps que j’attendais de goûter à ce survivant, le seul gin de Plymouth à avoir survécu tout ce temps, et toujours fabriqué dans un alambic de 150 ans d’âge. Et, dès les premiers arômes, il est facile de comprendre pourquoi il a survécu aussi longtemps : Genièvre, agrumes (citron et orange) ainsi qu’une touche de pin et de lavande. En bouche, la lavande nous rappelle un peu le savon, mais compte tenu de sa grande complexité, on lui pardonne aisément. Des notes de coriandre, de racines et de poivre blanc viennent compléter agréablement le tout.

Fifty Pounds Gin

43.5% alc./vol.
London Dry Gin, UK. Batch #14/12.

Patrick 90%
Un classique : Le parfum de genièvre s’échappe aisément du verre, mais les arômes d’agrumes nous retrouvent aisément lorsqu’on y plonge le nez. En bouche, nous y détectons en plus des notes rappelant une branche de céleri, de l’eucalyptus et quelques épices. La finale s’étire longuement, avec des notes de menthe poivrée qui viennent compléter agréablement les agrumes.

Uncle Val’s Botanical Gin

45% alc./vol.
Dry Gin, Californie. Batch #11.

Patrick 93%
Ce gin a été un coup de foudre instantané lorsque je l’ai découvert. Un gin parfait, à boire straight lors d’une chaude nuit d’été. Les agrumes, lime et citron, dominent définitivement le portrait. Ensuite? Plus d’agrumes, avec des oranges et du pamplemousse. En bouche toutefois, les agrumes se mélangent des fleurs, comme l’iris, la violette, les roses et la bruyère. Enfin, le genièvre se cache quelque part au travers de toute cette complexité. Quelle diversité de saveurs! Quelle balance! Définitivement le meilleur gin que j’ai bu à ce jour.