Revue Québec Whisky 2018

André:


2018…Chère année 2018.
Année charnière, pour le 10eme anniversaire de fondation du Club, le tout premier au Québec. Il y a près de 20 ans, lorsque nous avons débuté la découverte du monde de ce spiritueux savoureux, nous n’étions pas légende dans le milieu, surtout au Québec. Le catalogue de notre monopole d’état préféré n’était pas aussi bien garni qu’il ne l’est aujourd’hui.

Dix années plus tard, nous avons créé un ‘’monstre’’ qu’il faut nourrir journalièrement car vous en redemandez. Ce qui nous servait comme base de données et compilation de notes de dégustations personnelles est maintenant une (la) référence indépendante dans le domaine. Merci à vous chers lecteurs. Merci aussi à tous les gens de l’industrie qui ont cru en nous. Je les passerai sous silence car de un, il y en a trop et de deux, les personnes concernées se reconnaitront.

3500 whiskies plus tard, je m’étonne de toujours être agréablement surpris par de savoureuses découvertes. Par contre, tout comme les couches de la société, on assiste à une brisure au niveau whisky; des whiskies bas de gamme, une zone intermédiaire qui est de plus en plus désertée au niveau des parutions et du haut de gamme hors de prix, qui ne cesse d’être de plus en plus haut de gamme. La tendance se dessine même du côté des whiskies Américains avec des bourbons sans mention d’âge à 150$ la bouteille… La demande est tellement forte que cela donne lieu à des aberrations ahurissantes. On est loin des années 2000 où l’on devait pousser la machine à marketing afin de vendre ses produits. Maintenant, tout peut se vendre, peu importe le prix, raison de plus pour vous cher consommateur d’avoir de bonnes références avant d’acheter. Notre site web Quebecwhisky.com trouve encore plus sa vocation.

Fascinant aussi de voir la vague sur laquelle surfe une quantité phénoménale de nouveaux adeptes (et parfois des prédicateurs improvisés spécialiste du whisky), cette même vague que nous avons eu la chance de voir éclore voilà environ 10 ans du côté sud de notre poreuse frontière. Côté production, toujours est-il qu’il se trouve des entrepreneurs visionnaires et persistants qui désirent produire des alcools de niche et du terroir Québécois, le tout en ayant à se taper les dédales sans fin de la législation Québécoise. Chapeau les gars (filles).

Cette année au niveau whisky, a été une des meilleures années à vie. J’ai eu la chance d’évaluer des éditions d’exceptions qui, même si elles ne trônent pas au haut du palmarès des meilleurs whisky 2018, sont au top de mes expériences de dégustation. Je repense au whisky McClelland distillé en 1878, Glen Grant 1966, Linkwood 1956, une dizaine de mythique Port Ellen, Ardbeg 21 et 23 ans, Lagavulin 37 ans, et j’en passe. Même si bien de ces whiskies ne sont pas accessible pour la plupart des communs mortels (comme moi d’ailleurs car je n’ai pas le budget pour me payer ces bouteilles), il devient de plus en plus facile de les évaluer car étant détaché de la notion de prix ou de rareté car souvent ce sont des échantillons que j’ai eu via des contacts. Il y a pire comme passe-temps me direz-vous… La passion n’est peut-être pas sous la même forme qu’elle ne l’était à mes débuts, mais un feu intérieur m’anime toujours lorsque je parle de cette boisson emblématique.

Pour terminer j’aimerais remercier des gens qui me sont chers et qui participent, parfois involontairement, à cette folie dont je suis épris; ma femme qui me laisse la priver de précieux temps avec elle lorsque j’évalues ou donne des formations, tout comme mes enfants qui sont témoin de ma passion, des amis passionnés tout comme moi avec qui je partage cette passion et beaucoup d’échantillons, les membres du C.A. du club qui prennent sur leurs épaules de grandes responsabilités et portent avec nous le flambeau de ce beau club qu’est devenu QuebecWhisky. Finalement, mon comparse Patrick, pour l’ensemble de l’œuvre!

N’oubliez pas que le plaisir ultime réside dans la découverte et l’expérience générale que vous tirerez de vos dégustations.
Créez des occasions de partage, et contaminez vos amis avec votre passion, le whisky est une religion contagieuse.

Bonnes découvertes les amis.
André

Meilleur Single Malt… une année fertile avec 7 embouteillages notés 95%
Gordon & Macphail Glen Grant 47 ans 1966
Gordon & Macphail Linkwood 60 ans 1956
Port Ellen 25 ans 1978 4th Release & 24 ans 2nd Release
Bunnahabhain Moine Mhor Brandy
Brora 35 ans 13th release
Ardbeg committee 2006 Uigeadail

Blended Whisky
Collectivum XXVIII Edition 2017

American Whisky
Knob Creek 25th Anniversary, mention spéciale au Old Grand Dad 114 proof à 25$us

Canadian Whisky
Lot 40 Cask Strength 11 ans et Two Brewers Yukon Release 07

Irish Whisky
Teeling 24 ans Sauternes Batch 08/2016


Patrick


2018 fut une année mémorable car il s’agissait du 10ème anniversaire de Québec Whisky, le tout premier club de dégustation de whisky au Québec. Il y a 10 ans, en 2008, nous avions presque l’air d’extra-terrestres avec l’idée de lancer un club de dégustation de whisky ! Moi le premier, j’avais bien de la misère à imaginer pourquoi quelqu’un voudrait bien se joindre à nous ! Aujourd’hui, toutes les grandes villes du Québec (et même certaines moins populeuses, tel que New Richmond et ses 3706 habitants !) ont leur Club. Et que dire de notre présence virtuelle ? Au début, note site web ne servait qu’à conserver nos évaluations de whisky pour notre usage personnel. Aujourd’hui, nous avons près de 600,000 visiteurs par année, notre page Facebook est suivie par plus de 6500 personnes. En fait, il y a tellement de pages web et Facebook sur le whisky au Québec que je n’ai pas le temps d’en suivre la moitié.

Pour la petite histoire, tout a commencé en fait environ 5 ans plus tôt… Une passion partagée par trois amis (André, David et moi) qui ont rapidement fait le tour de ce que notre monopole d’état avait à fournir comme bouteilles et comme informations. Pour remédier à la situation, nous avons commencé à donner des formations pour la SAQ ( !) et surtout, nous avons voyagé. Nous avons vite découvert un foisonnement de festivals et de club de whisky : Il y en avait partout, sauf au Québec ! En particulier, le Festival du Nouveau-Brunswick, à Fredericton, nous a particulièrement impressionné. Nous nous sommes rapidement mis en tête de recréer un tel festival à Québec… Mais par où commencer ? Nous avons demandé conseil, en particulier à Marc Laverdière, ambassadeur pour Highland Park et Macallan, ainsi qu’à Frank Scott, le président du Festival et du club de whisky de Fredericton. Ceux-ci nous ont recommandé, avant de tenter de lancer un festival, de créer un club de whisky : Nous aurions ainsi des participants potentiels, voir des bénévoles pour notre évènement !

Ceux qui nous connaissent savent toutefois que nous avons une grosse tendance à tout faire à notre tête en ignorant la plupart des conseils. Bref, oui pour un club de whisky (ça semblait plus simple à organiser qu’un festival !), mais pas question d’en faire un regroupement de « vieux pêteux » comme nous avions vu ailleurs. Nous voulions un club dynamique, démocratique, sans but lucratif, en fait plutôt une association de tripeux, de geeks de whisky. Je me souviens encore de la première activité du Club où plusieurs personnes s’attendaient définitivement à autre chose : D’ailleurs, à la fin de notre première année d’opération, je prédisais que le nombre de membres de la 2ème année serait inférieur à celui de la première ! Aujourd’hui, nous avons une liste d’attente pour se joindre au Club qui compte plusieurs centaines de personnes… Faut croire que nous avons visé juste finalement !

Bref, après 10 ans, nous avons organisé des centaines d’activités diverses. Au travers de celles-ci, le Club a accueilli des invités provenant des quatre coins du monde représentant plus de 50 distilleries différentes, dont Jim McEwan, Master Distiller de Bruichladdich, Anthony Wills, fondateur de Kilchoman, John K Hall, fondateur de Forty Creek, Angela D’Orazio, Master Blender de Mackmyra et bien d’autres. Nous sommes devenu une source d’inspiration (et d’envie !) pour tous les autres clubs au Canada !

Malheureusement, seule la SAQ nous ignore encore ostensiblement (l’organisation nous ignore, mais pas leurs employés « de terrain », pour la plupart des gens d’une grande compétence et d’une grande passion envers leur travail, que je salue bien bas), et les lois québécoises concernant l’alcool qui sont toujours aussi arriérées, n’ayant subi que quelques changements cosmétiques dans les dernières années – L’ensemble de la loi date d’il y a plus de 100 ans et n’a plus comme raison d’être que de protéger des « planqués » à la RACJ et au siège social de la SAQ. Et, à mon grand étonnement, de nombreux amateurs de whisky semblent s’accommoder très bien de cette situation. Il leur semble naturel d’obtenir un permis gouvernemental de la RACJ pour une réunion de famille, il leur semble naturel que le gouvernement, via la SAQ, décide de ce qu’ils peuvent boire – j’aime bien l’image des couches de bébé : Compte tenu de l’importance de celles-ci pour la santé de nos bébés, pourquoi celles-ci ne sont-elles pas vendues par un monopole d’état, qui pourrait s’assurer de la qualité du produit, et de collecter le 15% de TPS/TVQ ? Ou encore, la nourriture en général ? Les autos ? Si vous commencez à trouver que ça ressemble à un régime communiste, ben la SAQ, c’est ça.

Pour ce qui est de l’industrie en général, je pourrais presque répéter mot pour mot ce que j’ai écrit l’an dernier : Il y a de plus en plus de diversité, mais en termes de volumes, le scotch domine encore et toujours. Où j’ai constaté un peu de changement, c’est au niveau de l’apparition de nouvelles mention d’âge en remplacement les fameux « NAS » (No Age Statement). Le meilleur exemple étant Macallan, qui commence à remplacer son « strippers range » (Gold, Amber, Sienna et Ruby…) par ses nouveaux 12 ans Double Cask et Triple Cask. Je crois qu’il s’agit d’un premier signe que le prix des bouteilles « moyen de gamme » commence enfin à plafonner. Tout le contraire toutefois du prix des bouteilles « haut de gamme » qui continueront à augmenter tant qu’il y aura quelqu’un prêt à payer !

Enfin, quels sont les whiskys qui m’ont marqué l’an dernier ? Certains sont des nouveautés, d’autres non, mais c’était la première fois que je pouvais y goûter !

Meilleur whisky toute catégorie :
Douglas Laing Glenrothes 25 ans Sherry Cask (toujours disponible à la SAQ!)

Meilleurs single malt scotch (à part les 2 gagnants « toute catégorie ») :
Ex-aequo :
Lagavulin Distillers Edition 2001-2017
Kilchoman 10 ans Single Cask Release pour le 10ème anniversaire de Québec Whisky
Ardbeg 23 ans Twenty Something

Blended Scotch :
Collectivum XXVIII (toujours disponible à la SAQ!)

Whiskey Américain :
Triple Eight Distillery – The Notch 12 ans (cherchez pas, la SAQ est convaincue que personne n’aime le whisky américain)

Canadian Whisky :
Lot 40 Cask Strength 11 ans (toujours disponible à la SAQ!)

Autres pays :
Ex-aequo :
Teeling 24 ans – Batch 08/2016
Midleton Dair Ghaelach – Virgin Irish Oak Collection – Bluebell Forest (toujours disponible à la SAQ!)
Bon, la majorité de ces whiskys peuvent vous sembler inatteignables, mais j’ai goûté à la plupart soit grâce aux activités du Club (4 sur 9), ou encore grâce aux activités et kiosque de dégustation à la SAQ Signature (3 sur 9, l’équipe de la SAQ Signature à Québec fait un travail incroyable !)

Sur ce, je vous souhaite une superbe année 2019 remplie de découvertes !

Patrick

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